Lorsque l’on naît dans une secte ou une religion quelconque, on ne pense pas nécessairement qu’un jour on devra remettre en question les croyances que l’on nous a inculquées toute notre vie. Parfois, oui, des questionnements peuvent nous arriver mais ils sont souvent vite étouffés par la foi et la culpabilité.
Mais tous les processus de déconversion débutent par des questionnements. Que ce soit sur les dogmes enseignés ou sur les décisions prises lors d’un événement important de notre vie.
Pour plusieurs, déconversion peut être synonyme d’athéisme.
Le sentiment de trahison associé à la secte ou à la religion que l’on quitte peut être vraiment fort. C’est ce qui fera, pour certains, qu’ils puissent devenir athées ou se sentir perdus parmi toutes les croyances existantes. Car il y en a de toutes les sortes. Pensons à tout hasard à une croyance et c’est presque certain qu’une communauté y sera reliée. Par exemple, certains pourraient croire à l’existence des sorcières ou des aliens, des anges et des démons ou même d’un dieu multi têtes ou d’un dieu différent pour chaque chose qui vit… eh bien je vous annonce que ces dieux existent tous… selon certains, du moins.
Pour ma part, depuis que j’ai quitté la secte dans laquelle je suis née, je me sens perdue au niveau de mes croyances personnelles. Les premiers temps, lors de ma sortie et même un peu avant, j’ai commencé à ressentir une grande colère vis-à-vis des croyances que l’on m’avait obligée de croire où je ne pouvais remettre en question quoi que ce soit.
À l’époque où j’étais pleinement croyante, je n’avais que rarement l’habitude de remettre certaines choses en question et quand c’était le cas, je cachais ces questionnements dans un coin de ma tête en me disant que dieu répondrait sûrement à mes questions à travers un discours à l’assemblée. Mais bien souvent, ces réponses venaient avec une certaine culpabilité et certains avertissements sous-jacents venant des dirigeants de la secte contre ceux qui auraient tendance à se poser trop de questions et à ne pas faire assez confiance en dieu.
Car rien n’arrive pour rien selon eux et chaque épreuve de la vie peut être un avertissement de dieu afin de nous remettre sur le droit chemin et ce, peu importe la taille de l’avertissement, que ce soit la perte d’un enfant, un accident de voiture ou la perte d’un objet par exemple. Chaque fois, on se fait rappeler que tout est notre faute et que dieu nous envoie un avertissement. Bonjour, sentiment de culpabilité! On sera amis pour la vie on dirait bien.
Bref, je m’égare.
Les premières années, toutes sortes d’émotions ont traversé mon esprit, allant de la colère au déni, de la tristesse à l’acceptation. J’ai compris que quitter son milieu et sa famille, c’est vivre un deuil et toutes les étapes qui y sont associées.
Dans mon cas, au début vint la colère, colère envers les croyants du monde entier dont la plupart se sentent supérieurs, se faisant dire qu’eux seuls ont la vérité et que tous les autres ne sont que des suppôts de satan ou des brebis perdues.
Ensuite vint la tristesse, tristesse pour toutes ces personnes qui se sentent assez perdues pour croire à n’importe quoi ou ayant eu la malchance, comme moi, de naître dans une religion ou une secte imposée et qui ne pourront jamais en sortir.
Ensuite vint la curiosité, curiosité envers tous ces gens qui se sentent perdus et cherchent à croire en une divinité supérieure et même envers ceux ayant la certitude absolue de croire au seul et unique vrai dieu. Pourquoi donc certains d’entre eux ont commencé à vouloir croire? Quel a été l’élément déclencheur les ayant poussés à chercher une croyance?
J’ai fini par me demander ce qui était le mieux. Croire ou ne pas croire.
- Croire en qui ou en quoi? Pour qui et pourquoi croire?
- Suis-je une bonne personne si je ne crois en rien?
- Vais-je rester une bonne personne si ma vie n’est plus entourée de règles et de personnes partageant les mêmes croyances?
- Quelles sont mes valeurs maintenant?
- Quel genre de croyances ont les non-croyants? Sont-elles aussi bonnes que celles des croyants?
- Comment mesurer la qualité des valeurs de chacun?
Toutes ces questions tournaient en boucle dans ma tête. La plus importante de toutes à mes yeux étant celle-ci : Dois-je croire en quelque chose?
Ces questions, je ne me les posais pas seulement pour moi mais également pour mes enfants. Oui, je les avais sortis d’un environnement que je considérais toxique et mauvais pour leur bien-être, autant physique que psychologique, mais je voulais tout de même être sûre que le fait de ne pas être associés à un mouvement de croyances serait tout de même bénéfique pour nous.
Je me suis mise à effectuer quelques recherches. Je vais ici vous faire part de certaines d’entre elles.
« Cher Google, pourquoi les gens croient en dieu? »
Pour certains, la ferveur religieuse apporte un réconfort moral, pour d’autres, elle correspond à une expérience mystique, d’autres encore y trouvent des modèles de conduite à travers la vie des saints, pour certains enfin, la religion constitue une véritable thérapie.
SOURCE : D’où viennent les croyances ?
Cette explication m’a fait comprendre que bien des gens ont besoin d’avoir un certain modèle de bonne conduite vers laquelle se raccrocher. Que ce soit par manque d’exemples dans leur vie courante ou par peur de l’inconnu, parfois certains ne peuvent vivre sans une explication quelconque aux questionnements de leur existence. Pourquoi existe-t-on, qu’arrive-t-il lorsque l’on meurt, a-t-on une âme? … bref. Toutes les croyances de l’humanité ou presque peuvent répondre à ces questions existentielles. Voila pourquoi les religions et les sectes continueront à jamais d’exister.
« Cher Google, pourquoi serait-il important de croire en un être supérieur? »
La religion est l’une des nombreuses sources de réconfort que nous pouvons trouver face à notre propre mortalité, mais elle a également une fonction psychologique. Les croyances religieuses aident les humains à organiser et à donner un sens à leur vie. (SOURCE:Are we wired to believe in a higher power?)
J’en reviens à mon explication précédente, l’humain a besoin de croire en quelque chose ou en quelqu’un. Dans les pays où la politique est instable, la religion est souvent très forte et prédominante. Les gens ont besoin de mettre leur confiance en quelque chose et de sentir qu’ils ont un certain contrôle. Et quand la vie est difficile, il peut être rassurant de se sentir épaulé par une communauté partageant nos croyances.
« Cher Google, pourquoi dois-je croire ? »
Nous avons besoin d’imaginer qu’un ordre secret régit l’univers et nos humbles existences. Nous avons soif de rites, de cadres pour ancrer notre quotidien, pour savoir quoi faire et ne pas faire. La croyance est une façon de dire : « Je ne suis pas sûr, mais j’aime à penser que… ». Elle postule l’existence d’une situation idéale ou d’un être parfait. Elle est indispensable à la vie intérieure, car elle lui offre la magie dont elle a besoin.
SOURCE : Pourquoi avons-nous besoin de croire ? – Psychologies.com
Toutes ces recherches m’ont amenée à comprendre que beaucoup de gens peuvent être croyants sans que ce soit le fait d’un dieu mais plutôt d’une force supérieure, ou en la vie tout simplement. J’aime à penser que bien des croyances sont inoffensives et ne sont présentes que pour rassurer ou donner un semblant de réponse aux diverses questions existentielles qu’on peut avoir au quotidien. Si ces croyances n’empiètent pas sur le bien-être physique et la liberté de penser de chaque personne, alors je n’y vois pas d’inconvénient et au contraire je peux trouver amusante l’idée que certaines réponses peuvent se trouver dans la numérologie ou la nature qui nous entoure.
Le choix de croire ou non en un être supérieur nous appartient à tous, mais c’est de notre responsabilité également de mettre une limite à ces croyances et de ne jamais les imposer à notre entourage, ni de se croire supérieur à qui que ce soit.
Pour ma part, je me considère comme agnostique, c’est-à-dire que je n’accorde aucune valeur aux religions ou à leurs institutions, ni à aucune croyance, pour moi il est impossible de trancher sur l’existence véritable d’un dieu ou d’une divinité quelconque.
Je me découvre certaines valeurs et j’en abandonne d’autres au fil du temps. J’ai fini par comprendre que tous ces questionnements sont parfaitement normaux. Je me considère comme une bonne personne et j’essaie d’élever mes enfants selon les principes de la gentillesse, de l’ouverture face aux différences, ainsi que du respect envers autrui. Nos valeurs familiales se construiront avec le temps et l’expérience que nous acquerrons auprès des autres.
J’en suis également venue à la conclusion que c’est à nous de donner un sens à notre vie et à personne d’autre.
Par Arthemise