Je ne suis pas brisée / I’m not broken

Je suis en train de lire le livre ‘Untamed’ par Glennon Doyle et c’est assez inspirant. Ce matin je ne pouvais plus dormir depuis 5h15, donc je prends mon livre et poursuis ma lecture au chapitre ‘Ghosts’. Elle parle de comment elle a toujours cru en cette femme parfaite, sans souci, sans lutte, qui existe comme un idéal inatteignable, un fantôme qui la hante. Elle a commencé à vivre en rébellion à cette illusion, s’assumant complètement comme “femme brisée” au lieu de vivre à la poursuite de la perfection. Mais vivre en rébellion à un idéal est aussi de s’emprisonner à vivre en réaction face à ce que les autres perçoivent comme idéal, au lieu de se forger soi-même selon ses propres désirs.

En réalisant ça, elle a décidé de ne plus croire en ce fantôme, ce mirage qui fabule des promesses de félicité constante. Qu’en fait, ce qui est réel, c’est qu’on vit tous les mêmes genre de choses. Et c’est ce qui fait de nous des humains!

Ce qui m’allume dans ce chapitre c’est que je vis comme ça depuis un certain temps. J’accueille de plus en plus mes imperfections et mes épreuves comme des expériences qui font partie du processus normal à vivre. Le bon comme le mauvais.

Ce qui me rend la tâche difficile c’est que j’ai grandi en croyant que le monde est déchu, l’expérience humaine est entachée par notre ‘nature pécheresse’. Qu’il y a ce fantôme de paradis derrière nous que nous avons ruiné. Qu’il y a ce fantôme de paradis après la mort qui nous est promis. Que cet entre-deux d’existence présente est imbibé d’imperfections parasitaires dont nous devons nous séparer parce que notre vie en dépend. Fuir ta nature: ce que notre corps nous dit ou désire et ne pas en avoir soin, douter de son propre cœur car il est trompeur, douter de ses pensées parce qu’elles sont corrompues.

J’ai grandi en croyant que j’étais appelée à vivre cet idéal: la sainteté. La perfection de Jésus à laquelle j’étais appelée était irréaliste et m’envoyait sur des montagnes russes toxiques.

Avec la déconstruction de ma foi, j’ai décidé de ne plus croire en cette illusion que la vie est mal faite, que comment je me sens ou ce que je pense est automatiquement mauvais, dangereux, pas fiable et pas valide. On vit tous pas mal les mêmes genre d’épreuves, d’étapes, de découvertes, de désirs et de besoins. Et c’est ce qui fait de nous des humains à part entière. J’écoute mon corps et ses besoins et attirances, oui il est temporaire, mais j’en n’ai qu’un et je veux en prendre soin et le mettre à mon goût. Mon corps n’a rien de malsain en soi, il m’appartient et je vais me comporter comme bon me semble. Mon corps de femme est absolument bien.

Mon cœur est mon guide. Il me révèle mon essence et non un égocentrisme mal-placé. Il y a quelque chose d’inexplicable à ce guide intérieur que j’ai étouffé pendant trop d’années, qui maintenant se révèle comme une ancre rassurante.

Je me rends compte que je suis intelligente, j’ai beaucoup de bonnes idées. Et pendant trop longtemps je me suis vu comme peu importante pour considérer mes propres réflexions autant que celles des autres!

Personne n’est parfait, donc je ne le serai jamais. Mais je ne suis pas brisée, je suis parfaitement humaine. C’est un réconfort pour moi, une pression qui s’enlève et un motivateur à me traiter avec plus de grâce.

Pour lire d’autres articles de Coco : quoiconque.wordpress.com

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Corinne Leroux

Ex-femme de pasteur, Corinne a passé 30 ans dans des milieux évangéliques au Québec et au BC. Elle nous partage son exode à travers des articles et vidéos sans détours, authentiques et qui font du bien à l'âme.

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